Selon les études, selon les pays et selon les époques les données chiffrées sur les Dys varient. Selon la nature des troubles que l’on inclut dans l’étude, selon le degré de sévérité pris en compte, les chiffres varient de 1 à 10%.
En France on parle de 6 à 8% de troubles dys. On peut dire que 4 à 5 % des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, 3% sont dyspraxiques, et 2% sont dysphasiques.
En route pour une exploration des Dys en 10 questions et/ou 10 questions sur les Dys!
Question 1- Les troubles DYS…de quoi s’agit-il?
Le prefixe « Dys » indique une anomalie, une difficulté, un mauvais fonctionnement. Les troubles dys- sont des troubles neurologiques qui induisent des difficultés à la fois dans les apprentissages et dans le quotidien de manière plus ou moins importantes. Dans la famille des dys- nous pouvons retrouver… la dyslexie, la dysorthographie, la dyscalculie, la dysgraphie, la dyspraxie, la dysphasie.
Question 2- Connais t-on l’origine des troubles DYS?
Ces troubles sont dits « neurodéveloppementaux » car ils surviennent lors du développement cérébral des enfants qui ne présentent par ailleurs aucune déficience sensorielle, auditive, visuelle ou intellectuelle. Depuis les années 1980, les techniques d’imagerie cérébrale et de génétique ont permis de mieux comprendre les mécanismes mis en oeuvre dans les troubles « dys » et notamment dans la dyslexie. Des dysfonctionnements dans le développement de certaines aires cérébrales provoqueraient petit à petit un retard dans la faculté de lire, écrire ou compter. Des facteurs environnementaux participent sans doute à ces pathologies, mais les neuroscientifiques ont montré que ces troubles ont des causes neurobiologiques et génétiques, quels que soient le milieu socioculturel des enfants et la méthode pédagogique adoptée. Tel que l’indique Bénédicte Salthun-Lassalle, Docteur en neurosciences, il a été mis en évidence une augmentation du risque de dyslexie chez les proches parents d’un sujet atteint, et les grandes études comparatives réalisées chez les jumeaux monozygotes (de vrais jumeaux ayant les mêmes gènes) et dizygotes (ayant des gènes différents) ont montré que, si un enfant est dyslexique, son frère ou sa soeur a 50 à 65 % de risques de l’être aussi. Toutefois, la dyslexie reste complexe car plusieurs gènes joueraient vraisemblablement un rôle rendant la manifestation de ce trouble très différente chez chaque enfant. Les connaissances scientifiques sur les troubles dys- sont relativement récentes. Des chercheurs de l’Inserm continuent d’effectuer des recherches afin d’améliorer encore, le dépistage et la prise en charge.
Question 3- Quelles sont les caractéristiques et les impacts d’une Dyslexie et d’une Dysorthographie?
L’Organisation mondiale de la santé définit la dyslexie comme « un trouble spécifique de la lecture. Il s’agit également d’un trouble persistant de l’acquisition du langage écrit, caractérisé par de grandes difficultés dans l’acquisition et dans l’automatisation des mécanismes nécessaires à la maîtrise de l’écrit (lecture, écriture, orthographe) ». Certains signes permettent de suspecter une dyslexie dès le CP. Toutefois, la dyslexie ne peut -être diagnostiquée que vers le CE2 au moment ou la lecture est supposée acquise et fluide. Il existe plusieurs formes de dyslexie qui impactent de façon différente: la dyslexie phonologique, lexicale ou mixte. Quels impact sur le quotidien et les apprentissages?
La dysorthographie est souvent associée à la dyslexie. Il s’agit d’un trouble persistant de l’acquisition et de la maîtrise du langage écrit qui affecte l’orthographe, principalement dans l’apprentissage et l’automatisation de la correspondance phonème (le son des signes) et graphème (l’écriture des sons).
Question 4- Quelles sont les caractéristiques et les impacts d’une Dyscalculie?
La dyscalculie est aux chiffres et aux nombres ce que la dyslexie est aux lettres. Elle concerne comme son nom l’indique les chiffres et les valeurs numériques. La compréhension des structures et logiques mathématiques, des notions de quantités et de représentation spatiale s’avèrent difficiles. Il en résulte de grandes difficultés pour apprendre les opérations, les tables de multiplication, ou comprendre la géométrie. On connaît encore peu l’origine de ce trouble, qui reste souvent associé à divers autres facteurs, y compris à d’autres troubles dys.
Question 5- Quelles sont les caractéristiques et les impacts d’une Dysgraphie?
C’est un trouble spécifique d’apprentissage qui affecte l’écriture. Elle se caractérise par une calligraphie aléatoire, lente inégale, souvent accompagnée d’une grande fatigabilité, voire de douleurs. La dysgraphie peut avoir plusieurs causes. Tel qu’indiqué par la Fédération ANAPE- Dys- elle peut être favorisée par divers troubles d’apprentissages comme la dyslexie, la dysorthographie, l’hyperactivité, ou elle peut être liée à une certaine précocité ou concerner les élèves dont la capacité à être multitâche est affectée. Un déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)… ou aussi une précocité intellectuelle peuvent être à l’origine d’une dysgraphie. Celle-ci touche à 70% des enfants « précoces ».
Question 6- Quelles sont les caractéristiques et les impacts d’une Dyspraxies?
L’Organisation Mondiale de la Santé définit la dysgraphie comme un « trouble spécifique du développement moteur dont la caractéristique essentielle est une altération du développement de la coordination motrice non imputable entièrement à un retard intellectuel ou une affection neurologique spécifique congénitale ou acquise ». Par conséquent, faire ses lacets, poser son verre correctement sur la table, ou encore écrire et former des lettres peuvent s’avérer des gestes du quotidien extrêmement difficiles à réaliser, épuisants et décourageants!
Question 7- Quelles sont les caractéristiques et les impacts d’une Dysphasie?
La dysphasie est un trouble de la communication orale et verbale. Elle est particulièrement handicapant pour l’enfant qui peut avoir du mal à s’exprimer (exprimer sa pensée ou formuler ce qu’il veut dire) et parfois à comprendre ce qu’on lui dit.
Tels que l’évoquent Isabelle Pailleau et Audrey Akoun dans « Vive les zatypiques », la dysphasie peut-être expressive ou réceptive. Dans le premier cas, l’expression est altérée, les paroles souvent incompréhensibles et l’expression est faite de mots isolés. Dans le second cas, le message oral reçu est partiellement compris. Il peut en découler, entre autres, des difficultés d’intégration scolaire et sociale avec un risque d’isolement.
Question 8- Les multi-dys, ça existe?
Oui le cumul de plusieurs dys est tout à fait possible. Dans 30 à 40% des cas, un enfant présente plusieurs de ces troubles, en même temps (avec une prédominance de l’un d’eux). A titre d’exemple, la dyslexie ou la dyscalculie sont fréquemment associées à la dyspraxie ou à un trouble de l’attention. De même dans 50 % des cas, la dysphasie est associée à un risque de dyslexie.
Question 9- Du repérage au diagnostic qu’en est-il?
Tel que l’évoque la Fédération ANAPE-Dys, les difficultés sont généralement repérées par la famille, l’école ou un professionnel de santé.
Dans un premier temps, ce sujet peut-être évoqué avec l’enseignant de l’enfant, pouvant ainsi mettre en relation avec le médecin scolaire, le psychologue scolaire, le RASED (Réseau d’Aides Spécialisées de l’École) en vue de faire un premier dépistage. Ces professionnels pourront initier une démarche diagnostique (est-ce un trouble spécifique ? ou autre origine possible : problème du vue, ouïe, maladie neurologique, …). Ce sujet peut également être évoqué avec le médecin traitant ou le pédiatre qui fera pratiquer un bilan orthophonique et éventuellement un bilan neuropsychologique psychométrique.
Le diagnostic permet de différencier un simple retard d’un trouble durable. Il nécessite la coordination de différents professionnels.
Le diagnostic est du ressort du domaine médical et paramédical coordonnée par le médecin traitant avec une évaluation médicale, une évaluation par un orthophoniste, un psychomotricien, un neuropsychologue… afin d’éliminer d’autres causes comme le déficit sensoriel, cognitif, psychique et social.
Il peut être fait auprès de professionnels libéraux ou parfois avec des structures médico-sociales (CAMPS, SESSAD…) des consultations hospitalières. Ainsi, en cas de suspicion d’une dyslexie, d’une dysorthographie, d’une dyscalculie, d’une dysphasie, consulter un(e) orthophoniste. En cas d’une dyspraxie, consulter un(e) psychomotricien(ne). En cas de dysgraphie un(e) graphothérapeute ou psychomotricien(ne). A cela il peut être important de solliciter un bilan orthoptique afin de vérifier la coordination visuelle.
Ces diagnostics invitent à favoriser la mise en place d’un projet d’accompagnement le plus adéquat possible et de restaurer et/ou de booster estime et confiance en soi, par une meilleure connaissance de soi et la reconnaissance de tous les potentiels. Troubles dys- et réussites sont tout à fait compatibles. Les dys- ont de nombreuses ressources qui n’attendent qu’à être reconnus et déployés!
Question 10- Du dépistage à l’accompagnement… Des pistes à explorer?
Il est dit que les troubles dys- que l’on décèle chez les enfants (ou plus tardivement chez les adultes) persistent à l’âge adulte. L’on apprend a les compenser en adoptant des stratégies de contournement. Toutefois, grâce à l’imagerie cérébrale, plusieurs études scientifiques ont montré que le cerveau, est plastique (c’est à dire capable de se réorganiser) et donc en mesure d’offrir de belles améliorations de nos performances après des protocoles de rééducation divers.
Il y a un point important à souligner: Les troubles de l’apprentissage ne se manifestent souvent que lorsque les enfants commencent à aller à l’école et à apprendre à lire et à compter, parfois à la maternelle, mais en général au début de l’école primaire. De plus en plus de neuroscientifiques pensent que l’on pourrait les détecter plus tôt, chez les tout-petits, afin de le corriger avant qu’ils ne deviennent handicapantes pour les apprentissages. Il s’agit d’un des axes de recherche de la neuroéducation, dont l’objectif est d’offrir de nouvelles méthodes pédagogiques pour préparer au mieux les touts-petits à la lecture, à l’écriture, à l’arithmétique et à la vie en collectivité, dès le début de leur vie et jusqu’aux premières classes de l’école élémentaire. Le cerveau est à ce moment le plus plastique, le plus apte à changer et donc à être corrigé si nécessaire, tel que l’indique Bénédicte Salthun-Lassalle.
En complément d’un travail réeducatif auprès de professionnels de santé, les outils de la psychopédagogie positive peuvent s’avérés clés tout comme un accompagnement en intégration des réflexes primitifs/archaïques.
Nous sommes très certainement aux balbutiement des découvertes. La science avance en tâtonnant donc précautions face aux diverses annonces prometteuses qui peuvent rapidement créer de la confusion en tant que parent ou enseignant. Toutefois, ouvrons nous aux pistes qui pourraient potentiellement apporter plus de confort et de facilités dans les apprentissages et surtout, favoriser le développement de l’estime et la confiance en soi, deux terreaux essentiels pour grandir et se développer pleinement non pour réussir dans la vie mais pour réussir sa vie.
Voici une QUIZZ réalisé par la Fédération Française des Dys (FFDys)
https://www.ffdys.com/wp-content/uploads/2018/07/FFDYS-QUIZZ-5000ex-RV-135g-A4-1pli.pdf
Découvrez également la brochure informative réalisée par la FFDys
https://www.ffdys.com/wp-content/uploads/2018/07/FF-des-DYS-3000ex-brochure-12P-170g-MAT-A5.pdf