On la nomme Hyper, Ultra ou Haute Sensibilité. On la définit souvent comme une sensibilité « exagérée » ou « extrême ». Son contraire pouvant être l’apathie, l’insensibilité, l’hyposensibilité.
Certains se demandent s’il s’agit d’un « effet de mode ». Certes il s’agit d’un sujet dont on parle de plus en plus, en vogue pourrait on dire, mais pourtant s’agit-il d’une mode? Découvrez l’article d’Elodie Crépel à la co-direction de l’Observatoire de la sensibilité répondant précisément à cette question et en route avec moi pour faire un zoom sur l’hyper-ultra-haute sensibilité et les 10 questions que vous pourriez vous poser!
Question 1- On entend parler d’hypersensibilité, d’ultrasensibilité, d’hyperesthésie, d’hyperémotivité, de haute sensibilité ou sensibilité élevée, de haut potentiel sensible…parles-t ‘on de la même chose?
Nommer les choses peut avoir son importance et un nom est loin d’être anodin tant il peut être objet de questionnements, de projections, d’interprétations, d’incompréhensions, de confusions, de clarification, de désaccords ou de rassemblements. A travers ces différentes appellations, on parle parfois de la même chose, parfois de choses distinctes. Finalement… d’où parlons nous lorsque nous parlons?
Avant toute chose rappelons que la sensibilité était une qualité et valeur essentielle et centrale aux XVIIème et XVIIIème siècles. D’ailleurs de nombreux auteurs ont continué à la révérer jusqu’au début du XXème siècle.
Ensuite Carl Gustav Jung, psychiatre suisse parlait déjà de la sensibilité élevée l’évoquant comme « un caractère enrichissant, qu’on ne peut pas considérer en lui-même comme pathologique, ou alors il faudrait faire de même avec un quart de l’humanité ».
C’est suite aux recherches consacrés par la psychologue américaine Elaine Aron à la « highly sensitive » soit à la sensibilité élevée que le terme d' »hypersensibilité » est apparut en France comme une traduction, à force de répétition à large échelle. Toutefois de nombreux experts dans le domaine ou personnes à la sensibilité élevée questionnent ce terme d’hypersensibilité qui par son préfixe: « hyper » génère tout un tas d’interprétations et de jugements n’aidant pas à l’accueil de cette caractéristique. Qui dit hyper dit trop, dit exagération, dit en dehors de la norme. D’autre part, le terme d’hypersensibilité se retrouve également dans le champ médical pour désigner l’hypersensibilité médicamenteuse soit une réaction à un médicament.
Précisons maintenant ce qu’est hyperesthésie et hyperémotivité tant cités lorsque l’on se réfère à l’hypersensibilité. L’hyperesthésie est définit par une sensibilité accrue des sens (vue, ouïe, toucher, odorat, goût). L’hyperémotivité quant à elle par une sensibilité accrue aux émotions.
Saverio Tomasella, docteur en psychologie, chercheur et écrivain à ensuite proposé le terme « d’ultrasensibilité » pour parler des personnes hautement sensibles qui vivent bien leur particularité, grâce à leur empathie, intuition et créativité.
Il invite aujourd’hui ainsi que d’autres experts du sujet de l’Observatoire de la sensibilité co-dirigé par Elodie Crépel et Fanny Marais, à parler de sensibilité élevée, haute sensibilité et même de Haut Potentiel Sensible! Il propose de définir la sensibilité élevée comme une sensibilité plus élevée que la moyenne ou que la « norme » imposée par la société dans laquelle on évolue. Comme il n’existe pas réellement d’instrument de mesure pour évaluer ce degré de sensibilité, l’évaluation dépend du contexte familial ou culturel et des personnes elles-mêmes.
Fabrice Midal, philosophe, la présente comme la manifestation d’une très profonde humanité, meilleure manière d’assumer les contradictions de l’existence.
Explorer la sensibilité élevée invite et mérite à mon sens que nous croisions le champ de la philosophie, la sociologie, la psychologie, l’anthropologie, les neurosciences, la pédagogie pour en percevoir toute sa richesse.
Question 2- L’hypersensibilité est-elle une maladie, un désordre psychique?
L’hypersensibilité est un trait de caractère exprimant une sensibilité plus élevée que la moyenne. L’hypersensibilité n’est ni une anomalie, ni une maladie, ni un désordre psychique. Il s’agit d’un tempérament, d’une façon d’être au monde. Elle ne relève pas de la psychiatrie. Tous les spécialistes sur le sujet s’accordent sur ce point. Il n’est pas nécessaire de la « soigner », de la « normaliser », de la « gérer » ou de s’en débarrasser.
Question 3- Qui est concerné par l’hypersensibilité?
Les études les plus récentes en Europe et en Amérique du Nord estiment que les personnes hautement sensibles représenteraient 30 % de la population soit une personne sur trois. Il y aurait autant d’hommes que de femmes hypersensibles. La seule différence serait culturelle et concernerait la façon de considérer et d’exprimer sa sensibilité. Les enfants quant à eux naissent extrêmement sensibles. Leur « cerveau rationnel » se développe progressivement jusqu’à l’âge adulte, alors que leur « cerveau émotionnel » est opérationnel dès la naissance. Toutefois, on peut observer une sensibilité plus accrue chez certains enfants et cela dès la naissance. D’ailleurs peut-être avez vous entendu parler des BABI, Bébés Aux Besoins Intenses?
Vous pourrez lire que certains experts questionnent toutefois ces études qui font état d’une donnée chiffrée. Il ne remettent pas en question l’existence de la sensibilité élevée ni même des études clés sur le sujet. Ils questionnent la possibilité de poser une donnée au plus proche du réel. Peut-être cette donnée serait-elle plus élevée?
Question 4- Quelles sont les causes de l’hypersensibilité? Est-ce héréditaire ou cela se développe t’il durant l’enfance?
Aujourd’hui les chercheurs spécialisés sur ces questions de l’hypersensibilité évoquent la possibilité que cela soit d’origine génétique et/ou liée à l’environnement, c’est à dire liée à l’histoire de la personne depuis sa période de vie intra-utérine, à son histoire familiale sur plusieurs générations.
Aux Etats-Unis, Elaine Aron fait l’hypothèse que la sensibilité élevée pourrait avoir une origine génétique. Toutefois elle rappelle que notre environnement et histoire entrent aussi en jeu. Saverio Tomasella, indique qu’en Europe certains évoquent l’ultrasensibilité des enfants naturellement empathiques, intuitifs, créatifs notamment les sept premières années de vie. Certains le resteraient, d’autres, de part l’éducation, les aléas de vie et pression de normalisation abandonneraient une partie de leur grande sensibilité pour s’adapter.
A noter qu’il est nécessaire là, de distinguer dès à présent, la haute sensibilité de l’hypersensibilité réactionnelle. Des recherches menées sur les traumatismes prouvent que les traumas graves peuvent générer de l’hypersensibilité et ceci à tout âge.
Vous l’aurez compris, il est difficile de déterminer fermement si cette sensibilité est le fruit de l’hérédité ou de l’environnement. Ce sujet continue d’être exploré, des recherches intéressantes émergent.
En attendant je partage mon regard sur cette question en tant que consultante en intégration des réflexes archaïques/primitifs. Dans ma pratique, je suis amenée a observer l’impact qu’ont certains réflexes archaïques/primitifs non intégrés, générant hyperesthésies (forte sensibilité sensorielle) et ultrasensibilité dès le plus jeune âge. Mais en quelques mots, que sont les réflexes archaïques/primitifs? Il s’agit de mouvements involontaires que l’on observe chez le nouveau-né en réponse à des stimuli spécifiques. Après leur apparition, chacun de ces réflexes a une phase d’activation plus ou moins longue, puis d’intégration. Nos réflexes forment ainsi les fondements du développement cérébral, des schèmes moteurs, de la posture, de l’épanouissement émotionnel, cognitif et de l’accès aux apprentissages. Ils sont développés pour la plupart in utero. Ils ont un impact sur le développement de l’être qui est plus ou moins soutenant selon les circonstances de la grossesse, de l’accouchement, ou des premières semaines de vie. Je vois donc en cela une piste d’accompagnement vraiment intéressante, non pas pour « soigner », « normaliser », « gérer » ou se « débarrasser » de quelque chose qui pourrait être perçu comme un problème mais pour faire de cette haute-hyper-ultra sensibilité une force, un atout, une alliée.
Question 5- Quelles sont les caractéristiques présentes chez un enfant ou un adulte hypersensible?
Les 5 caractéristiques suivantes sont identifiables dans la Haute Sensibilité
- Profondeur dans le traitement des informations: Analyse et confrontation de chaque information avec ses propres expériences, détection des subtilités et des nuances, sens de la précision.
- Forte sensibilité sensorielle nommée hyperesthésie: Gênes relatives à la lumière, aux bruits, aux odeurs, aux étiquettes qui grattent,à certains mouvements, rythmes et vibrations,…
- Forte sensibilité émotionnelle, qui se traduit de 2 façons, par des émotions très variées et intenses et par une grande empathie.
- Intuition et créativité
- Sensibilité avantageuse: Les PHS profitent beaucoup plus que la moyenne des bons moments de vie, des bons conseils, des encouragements. Personnes enthousiastes.
Question 6- Etre hypersensible est ce être introverti(e)?
Elaine N. Aron , psychothérapeute et chercheuse américaine en psychologie, reconnue à l’international pour ses travaux sur l’hypersensibilité indique que parmi les personnes hautement sensibles, 70 % sont introverties et seulement 30 % sont extraverties. D’autre part, qui dit hypersensible introverti(e) ne signifie pas « sensiblerie », « timidité ». Comme l’indique Charlotte Wils dans un article sur ce sujet, l’introversion est un mode de protection naturel, une nature, qui va permettre de tenir à distance les différents stimuli qui pourraient venir troubler le système nerveux, bousculer l’équilibre émotionnel. A contrario, pour l’hypersensible extraverti, l’extraversion jouera rôle de rempart, sera comme une façade qui masquera la sensibilité de l’enfant (ou l’adulte) hypersensible et laissera croire qu’il n’y a pas de précautions particulières à prendre, d’attention à avoir, de soin à prendre.
Question 7- Le cerveau des personnes dites hautement sensibles est-il différent?
Le cerveau des PHS n’est pas différent. Les différences que l’on observe concernent l’activation plus nette de certaines zones cérébrales chez les personnes hautement sensibles, pour n’en citer que certaines, l’insula, qui est le centre de la conscience de soi. De même, les centres de la douleur et les neurones miroirs montrent une activation plus intense, ce qui est une confirmation (non une cause) de la plus grande sensibilité à la douleur et d’une empathie plus développée. D’après la neuroscientifique Bianca Acevedo, différentes zones du cerveau s’activent en même temps car les ultrasensibles travaillent de façon approfondie, ce qui peut d’ailleurs induire une angoisse ou une forte émotion. D’après Elke Van Hoof, le cerveau des personnes hautement sensibles est plus stimulé que celui des autres personnes, du fait d’une pensée associative, de l’attention soutenue portée aux détails, de leur créativité et de leur sollicitude. Les dernières recherches sur le cerveau montreraient que le thalamus des hypersensibles fonctionne moins. La fonction première du thalamus est de faire un choix quant aux informations auxquelles nous prêtons attention, or, pour un grand sensible, ces informations restent trop détaillées et nombreuses, donc peu filtrées.
Question 7- Existe t’il des tests et si oui quels éventuels intérêts à se (re)connaître ou reconnaître son enfant hautement sensible?
Elaine Aron, a mis au point des questionnaires pour permettre de repérer une éventuelle haute sensibilité chez les enfants et chez les adultes. Ces questionnaires à la disposition de tous apportent des indications, des précisions. Toutefois, comme l’indique clairement Elaine Aron, notamment pour le questionnaire relatif aux enfants, aucun test psychologique n’est suffisamment fiable pour justifier à lui seul des choix d’éducation. En effet, l’observation deviendra un outil probablement clé pour se (re)connaître ou reconnaître son enfant hautement sensible. Vous pouvez déjà prendre appui sur les cinq caractéristiques citées ci-dessus car elles apportent déjà des indications. Elaine Aron parle des quatre premières caractéristiques en indiquant que si les quatre ne sont pas constatés, il ne s’agit probablement pas de ce trait de caractère. Ajoutons à cela la cinquième caractéristique qu’est la sensibilité avantageuse évoqué par Saverio Tomasella.
L’observatoire de la sensibilité élevée sous la direction de Saverio Tomasella et co-dirigé par Elodie Crépel et Fanny Marais vous propose également des tests que vous pouvez passer en cliquant ici.
Dans le cadre de mes accompagnements, je prends essentiellement appui sur ces caractéristiques ainsi que sur les tests bilan réflexes.
Question 9- Il y a t’il un lien entre hypersensibilité et précocité? Entre hypersensibilité et trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité? Entre hypersensibilité, autisme et syndrome d’Asperger?
Oui, nous pouvons retrouver certaines ou toutes les caractéristiques de l’hypersensibilité chez les personnes dites à haut potentiel, avec TDA ou TDAH, autisme ou syndrome d’Asperger. Toutefois, précisons… Pour ce qui est du haut potentiel, des hauts potentiels peuvent ne pas être hypersensibles et des hypersensibles ne pas être hauts potentiels. Concernant le TDA/TDAH, de prime abord il y a des similitudes , si bien que certains professionnels pensent que des personnes hautement sensibles souffrent en fait d’un TDA non diagnotisqué. Elain Aron indique qu’il est possible de cumuler sensibilité et TDA mais qu’il ne s’agit pas de la même chose, à certains égards, ils sont même contradictoires. Quant à l’autisme et au syndrome d’Asperger, le seul lien qui pourrait se faire avec l’hypersensibilité serait lié à la forte sensibilité liée aux informations sensorielles soit aux hyperesthésies. Toutefois, je tiens à rappeler que la sensibilité élevée n’admet pas de « diagnotic » ou de « dépistage » tel que cela pourrait être le cas pour le haut potentiel, les troubles DYS dont le TDAH, les troubles du spectre autistique. Pour cela il est nécessaire de consulter les professionnels de santé habilités.
Je ferais également un lien entre hypersensibilité et réflexes archaïques actifs tel qu’indiqué plus haut. Tout comme nous pourrions le faire avec le TDAH, le TSA, la précocité.
Question 10- Quelles difficultés peuvent être rencontrées? Existe t’il des moyens efficaces pour apprivoiser la haute-hyper-ultra sensibilité?
Je dirais de façon assez générale que les enfants et adultes concernés rencontrent les « défis » et besoins suivants:
- Re)connaître et accepter toutes les facettes de ce tempérament qui n’est qu’une caractéristique qui ne vient aucunement « enfermer » la personne dans une « étiquette ».
- Se mettre en mouvement pour lever les éventuels blocages cognitifs, émotionnels et corporels.
- Identifier ses ressources, ses talents et déployer ses potentiels.
- Se relier à ses émotions et prendre en charge ses besoins de telle façon à adapter ses choix (de relations, d’environnement, …)
- Cultiver l’estime et la confiance en soi
- Apprivoiser son stress, son hyperstimulation (charge mentale), son hyperesthésie, les émotions intenses et la trop forte empathie (charge affective).
Bien évidemment, chaque point mérite un article plus approfondi et plus précis, adapté aux réalités des enfants et des adultes. A noter qu’il n’existe pas un seul type uniforme d’enfants et d’adultes hypersensibles et que les « défis », besoins notés ci-dessus pourraient concerner l’individu au sens large.
Quant aux moyens, les approches tête-corps-cœur, approches intégratives, peuvent s’avérer efficaces. J’invite chacun à explorer celles qui inviteront à faire de sa haute-hyper-ultra sensibilité une force, un atout, une alliée, pour créer des possibles dans sa vie familiale, sociale, scolaire et professionnelle.
Et pour commencer, et si vous assistiez à l’APIE Conf’ de l’Hypersensibilité pour faire de votre Haut Potentiel Sensible un allié?
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4 Responses
Article très intéressant. Merci Sylvie!
Merci pour ce retour.Sylvie
Merci beaucoup de venir compléter mes connaissances en RA que je pratique en tant que masseur kinésithérapeute posturologue
Merci. En espérant que cette conférence vous apportera des pistes complémentaires à celles que vous disposez déjà.